Programme 3 : « De la marge au centre » : intersections et analogies des rapports de pouvoir

Porteurs : A. Estèves, A. Knüfer, V. Mozziconacci, J. Deloye, E. Guillemard, G. Lansade

L’équipe d’origine s’est enrichie, ce qui permet une réorientation des perspectives. L’expression « De la marge au centre », est empruntée à la théoricienne du Black Feminism, bell hooks, qui la fait figurer dans le titre de l’un de ses livres les plus célèbres, Feminist Theory: From Margin to Center (Routledge, 1984). La marge désigne dans cet ouvrage la situation des femmes noires, aussi bien dans la société états-unienne que dans les théorisations féministes dominantes ; bell hooks propose de se centrer sur leurs expériences minorisées et invisibilisées pour reprendre et transformer les concepts féministes majoritaires qui tendent à simplifier ou à occulter certains aspects de la vie des femmes.

C’est un geste analogue qui sera mené au sein de ce programme. Il s’agira de faire l’examen d’idéologies dominantes en tant qu’elles constituent des obstacles épistémologiques, qui sont aussi des obstacles à l’émancipation. Ainsi, les recherches individuelles ont en commun d’adopter une perspective critique sur des phénomènes d’oppression, de marginalisation, de stigmatisation, d’exploitation ou de domination. Les analyses portent sur les formes de pouvoir qui se nouent notamment, mais non exclusivement, au sein des rapport de genre, de classe, de race, de sexualités. Si les EC considèrent que la mise en relation de différents rapports de pouvoir a une vertu heuristique, ils pensent toutefois que celle-ci ne doit pas faire oublier que dans les faits, ces rapports se croisent et produisent des expériences et des sujets qui méritent d’être appréhendés dans leur spécificité.

Les membres du programme revendiquent une production de savoirs critiques au travers de disciplines aussi diverses que la littérature, la philosophie, l’anthropologie, l’histoire et les sciences de l’éducation. Une journée d’étude interdisciplinaire intitulée « Les lieux du sexe à l’époque moderne » est d’ores et déjà prévue en mars 2026 (org. E. Guillemard, N. Guyard et J. Laubner [IRCL]). Un séminaire sur « Le masculinisme, analysé et contrecarré par les SHS » viendra prolonger les réflexions formulées dans le précédent séminaire, « Démasculiniser les sciences sociales et humaines », en cours de publication chez ENS Éditions. L’ouverture vers la société civile est, là encore, incluse dans le projet.