Natura continuera de fédérer un ensemble de programmes autour d’un constat commun : la manière dont les bouleversements écologiques contemporains affectent non seulement les milieux vivants, mais aussi les catégories mêmes à travers lesquelles nous en parlons. La notion de nature, comme nous l’avons vu les années précédentes, loin d’être une évidence stable, se révèle de plus en plus productrice de tensions conceptuelles qui mettent en question la validité de la notion de crise elle-même. En ce sens, l’idée de nature, entendue non comme une entité stable mais comme une construction historique, symbolique et politique, s’avère aujourd’hui au cœur d’un déplacement conceptuel majeur. Trop souvent mobilisée comme réponse ponctuelle à une perturbation, la crise ne suffit plus à penser des dynamiques systémiques, multiscalaires et durables. L’enjeu est donc double : réinterroger la nature comme construction culturelle et historique ; déplacer les cadres critiques par lesquels les humanités rendent compte des bouleversements du vivant. C’est à cette fin que se déploient les cinq programmes du thème. Le premier, mobilisant archéologie, zoocritique, éthologie, littérature, s’inscrit dans la continuité d’AniMed tout en élargissant ses perspectives pour requalifier la rencontre humain/animal. Le second programme analyse la crise écologique comme une crise des médiations esthétiques et discursives elles-mêmes : d’une part, il entreprend une relecture de la description en tant que processus interprétatif du monde dans le cadre des mutations contemporaines du visible (relire la description) ; d’autre part (Litterra), il interroge la validité, la persistance ou la reconfiguration des modèles de dicibilité de la nature à travers les textes littéraires, les images et les discours. En retraçant l’histoire conceptuelle des éléments (terre, air, eau, feu) dans les sciences et les représentations, le programme 3 envisage de montrer comment les schèmes de composition et de décomposition du monde naturel participent à la fabrique d’une pensée de la complexité. Enfin le programme 4 engage une réflexion épistémologique sur les formes, les fonctions et les limites de la critique dans les savoirs du vivant et sa capacité d’intervention théorique.




