Porteurs : S. Brunet, C. Gerzaguet, N. Guyard, E. Guillemard, M. Fourcade, P.-Y. Kirschleger, F. Kimmel-Clauzet, J. Lagouanère, G. Lepan, A. Delahaye, V. Mancuzo, G. Antier, J. Bord, G. Vidal
Le programme s’enrichit du recrutement de nouveaux collègues et de la participation nouvelle d’autres collègues de CRISES : cela permet une restructuration pour mieux articuler les recherches dans la nouvelle perspective de reconceptualisation de la notion de crise.
Quatre axes seront explorés :
- Les matérialités au cœur des croyances
Un des sujets que nous souhaitons explorer, et qui est au croisement de plusieurs de nos disciplines, est l’enjeu des matérialités au cœur des croyances. En effet, tant en histoire de l’art qu’en histoire et en théologie, se posent les questions des objets et des corps dans les expériences religieuses individuelles ou collectives. S’intéresser à la circulation des livres, des objets de dévotions, aux formes matérielles de la dévotion comme les pèlerinages, l’art religieux, les processions ou les rituels d’enterrements par exemple, tout cela relève d’un pan déjà bien exploré notamment par l’anthropologie, qui se poursuit dans l’historiographie de ces dernières décennies : l’ouvrage fondateur de Caroline Walker Bynum, Christian materialities, illustre les questionnements que nous voulons poursuivre. Corps et objets se trouvant au cœur des pratiques religieuses, il est légitime de rechercher ce que la croyance leur fait.
Le programme ANR JCJC « Abbesses, Seigneuresses et Réformatrices » (2024-2028) porté par N. Guyard sera l’un des programmes-phares de cet axe. Ce programme a pour ambition de réinterroger les processus de réforme régulière qui se développent au XVIIe siècle pour les bénédictines, en partant de des nouvelles normes socio-économiques, afin de comprendre comment ce moment de réformes transforme l’activité même des religieuses, mais aussi leurs rapports sociaux, économiques et juridiques avec les territoires qui dépendent de ces monastères, notamment dans le cadre de la seigneurie.
- Les catégories du religieux en crise : comment définir ?
Les sociétés n’ont cessé de catégoriser les croyances (religieuses, superstitieuses, philosophiques, politiques), mais ces catégories ne vont pas de soi : cet axe de recherche souhaite analyser les mécanismes de construction et de légitimation de ces catégories, pour comprendre comment les classifications des croyances servent des projets sociaux, la régulation des comportements ou l’affirmation des pouvoirs. Une approche comparatiste et la mobilisation d’outils théoriques issus de différentes disciplines permettra d’étudier notamment les « croyances faibles », l’émergence de cultes (par exemple les cultes des poètes dans l’Antiquité) ou la transformation des catégories de croyances. Les liens entre les classifications des croyances et les stratégies de contrôle social (en contexte de Réformes religieuses, de missions et de colonisation par exemple), seront analysés, de même que le retour du théologico-politique dans la philosophie contemporaine.
- Constructions et déconstructions des identités religieuses
Cet axe de recherche s’intéressera aux processus de formation, de transformation et de remise en cause des identités religieuses. Il s’agira d’analyser comment, dans divers contextes, les appartenances confessionnelles ont été construites, imposées, négociées ou déconstruites. L’étude portera notamment sur les outils de fabrication identitaire (qu’il s’agisse de rites, de textes ou de symboles), les mécanismes d’altérisation (conversions, hérésies ou apostasie) et surtout les dynamiques internes de pluralisation et de contestation. L’objectif est de saisir les identités non comme des essences, mais comme des constructions historiques toujours en mouvement, exposées au conflit et au changement.
- Alter & Ipse. Religions et philosophies dans l’Antiquité
Cet axe de recherche sera composé de deux domaines :
- Domaine 1 : Discours et paradigmes : la pensée antique et son autre
Ce domaine verra la poursuite du séminaire doctoral en patristique et philosophie antique, sur le thème « Aristote, Mani, Augustin et la question de l’agir humain. Lecture et commentaire du De duabus animabus d’Augustin ». Ce séminaire continuera l’alternance entre atelier de traduction et de commentaire et cycle de conférences de doctorants et de chercheurs internationalement reconnus, avec deux publications en préparation : l’édition critique, traduite et commentée de l’œuvre dans la collection de référence de la « Bibliothèque Augustinienne » et un numéro spécial des Recherches Augustiniennes et Patristiques, revue diffusée par Brepols, regroupant les conférences. Sont engagés dans ce projet de recherche à ce jour : au sein de CRISES, J. Lagouanère, M.-F. Delpeyroux, M. Renard, M. Iliopoulou, S. Bernadon, B. Calvarin ; comme membres externes, V. Beggiato (doctorante, Humbolt Universität zu Berlin), R. Sote (doctorant, Facultés Loyola de Paris), Chr. Sauty (IPT/Observatoire de Paris), sans compter les différents conférenciers.
- Domaine 2 : Le discours patristique et son évolution
Ce domaine prendra la forme d’une organisation conjointe par l’équipe CRISES, l’équipe PLH de l’UT2J et la Faculté de Théologie de l’UC Louvain, de Rencontres de Patristique. Les prochaines Rencontres de Patristique auront pour thème « La médecine chez les Pères de l'Eglise. Science, philosophie et exégèse » (juin 2025, coorg. R. Courtray, R. Burnet, M. Renard et J. Lagouanère).
Les Carnets d’Alter et Ipse continueront à accompagner les travaux de cet axe de recherche.
Dernière mise à jour : 06/05/2025