Conformément à l’orientation fondamentale de l’équipe, la nature est abordée non comme une idée abstraite et pérenne, mais comme une thématique complexe, bigarrée, en constante transformation dans le temps long des cultures (occidentales mais aussi orientales), à l’intersection de différentes disciplines, à la jonction d’enjeux d’actualité investis « à chaud » par les acteurs sociaux et politiques (la « crise » écologique, le statut juridique, moral et social des animaux domestiques et sauvages, l’évolution conjointe des territoires urbains et ruraux, la diversité diachronique et synchronique des rapports entre nature et culture…) et de questionnements plus distanciés portant sur l’historicité de cette notion ainsi que de celles qui en sont conceptuellement solidaires (culture, civilisation, société, technique, artifice, environnement, paysage, animalité, sauvage/domestique, corps, vie…). L’originalité des approches proposées au sein des différents programmes concernés par cette thématique (citons, concernant l’histoire : l’étude des pollutions atmosphériques, des espèces sentinelles, des relations entre développement de l’économie capitaliste et environnement…) consiste dans un effort rigoureux de contextualisation de thèmes souvent traités de façon trop générique par les approches prédominantes (l’éthique environnementale, l’écologie scientifique, les sciences de la nature…).
La nature – tel est le principe heuristique commun à l’ensemble des enquêtes menées au sein de l’équipe sur ce thème – se présente toujours sous des formes territorialisées, historicisées, symbolisées dans des cadres culturels diversifiés et évolutifs, configurées dans des récits et des images provenant aussi bien des arts, des littératures, des religions, des sciences que des représentations sociales communes. Il s’agit non seulement d’effectuer une reprise critique des prétendus « invariants » qui permettent de donner un (ou des) sens à la nature, mais aussi de repenser les catégories qui la sous-tendent « à hauteur d’homme », dans des contextes théoriques, pratiques et esthétiques précis, dont la complexité requiert par excellence des approches elles-mêmes complexes, au carrefour de l’histoire (des civilisations, des arts, des langues…), de l’anthropologie, de la géographie, des études littéraires et de la philosophie. En d’autres termes, il s’agit d’envisager un nouvel agencement de différentes approches disciplinaires et interdisciplinaires déjà présentes dans l’équipe, et par là d’échafauder de nouveaux horizons de réflexion, de nouveaux partenariats de recherche, de nouvelles formes d’analyses et de récits, afin d’appréhender un phénomène historique multidimensionnel, qui résiste aux approches unilatérales et générales. Outre les programmes déjà existants, mentionnés plus haut, plusieurs chantiers de recherche sont actuellement en gestation dans l’équipe afin de donner sa pleine mesure à cette thématique, dont l’importance théorique et pratique requiert un traitement pluriel, précis et nuancé.
Ce thème s'inscrit pleinement dans la volonté de l'équipe d'ancrer le travail de recherche dans les préoccupations socio-culturelles du temps présent, tout en opposant aux simplifications médiatiques de l'actualité (qui s'en tiennent souvent à une vue à court terme et à des approches unilatérales) la complexité des processus de longue durée et le croisement fécond des perspectives disciplinaires.
- Programme : HumanEnvi : Crises et Humanités socio-environnementales
CRISES et plusieurs équipes de l’UPVM (DIPRALANG, EMMA, IRCL, PRAXILING, SENS) ainsi que le CRESEM de l’Université de Perpignan-Via-Domitia et la MSH-Sud sont lauréats d'un nouveau projet sur les perceptions, représentations et réponses aux crises socio-environnementales : HumanEnvi. Deux partenaires majeurs de la culture et des arts en Occitanie sont associés au programme : Le Printemps des Comédiens de Montpellier et le Festival international de photojournalisme Visa pour l'Image de Perpignan.
Il s’agit, à partir des Humanités et d'une exploration interdisciplinaire et participative de l’idée de crise et de ses représentations sur la longue durée (de l’Antiquité au XXIe siècle), de décloisonner la notion d'environnement pour la constituer en un champ d'investigation commun aux Humanités et aux sciences sociales. Cette perspective interdisciplinaire et inter-équipes ne cherche pas seulement à relever les liens entre les crises du passé et celles du présent. De manière plus large, le programme veut contribuer à l’élaboration du cadre épistémologique nécessaire à la constitution de ce nouveau commun de l’investigation scientifique que doit être la crise environnementale.
Pour en savoir plus :
https://crises.www.univ-montp3.fr/fr/humanenvi-crises-et-humanit%C3%A9s-...
https://view.genial.ly/6210eb5b960abb001136581c/guide-humanenvi
Dernière mise à jour : 28/02/2024