Pour une histoire féministe et décoloniale de la philosophie

Le Lundi, 24. octobre 2022 -
9:00 - 16:00
À distance

Dans le cadre du cycle "Pour une histoire féministe et décoloniale de la philosophie", une journée d'étude intitulée "PhilosophEs" se tiendra en ligne le 24 octobre prochain.

Matinée : (9h-12h)

  • SERBAN Claudia : Iris Marion Young et le corps comme être sexué
  •  COROT Guilhem : Sciences, valeurs et diversité : l'épistémologie sociale d'Helen Longino
  • MOUZE Létitia : Littérature, lecture, et philosophie chez Simone Weil


Après-midi : (14h-16h)

  • MARTY Frédéric : Louise Dupin. Relire l’histoire des idées en 1750 pour redonner leur place aux femmes : « les philosophes particulièrement auraient dû prendre les femmes sous leur protection ».
  • PHILOSOPHES AUX FEMININS (proposition groupée, retour d'expérience). Pour une autre histoire de la philosophie : des philosophes aux féminins.

 

 

Résumés et présentation des intervenant.e.s

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Claudia Serban est maîtresse de conférences à l'Université Toulouse 2 Jean Jaurès. Elle est l’auteur de nombreux articles portant sur la phénoménologie allemande et française, ainsi que sur la philosophie allemande classique. Le livre issu de sa thèse de doctorat, intitulé Phénoménologie de la possibilité : Husserl et Heidegger, est paru en 2016 aux Presses universitaires de France.

Iris Marion Young et le corps comme être sexué

Mon intervention portera sur deux des essais publiés par Iris Marion Young dans les années 80 et  repris désormais dans l’ouvrage On Female Body Experience (2005) : « Throwing Like a Girl : A Phenomenology of Feminine Body Comportment. Motility and Spatiality » et « Pregnant Embodiment ». Si le sous-titre du premier reflète déjà une dette importante à l’égard de Merleau-Ponty, ses analyses contribuent à faire ressortir les limites et la partialité du regard que ce dernier a porté, dans sa Phénoménologie de la perception (1945), sur « Le corps comme être sexué ». La lecture critique de Merleau-Ponty que Young nous invite à mener a trouvé l’une de ses formulations les plus influentes sous la plume de Judith Butler, dans l’article « Sexual Ideology and Phenomenological Description » (1989). C’est à la convergence de leurs deux entreprises que je vais m’intéresser, ainsi que, plus généralement, au renouveau du projet d’une phénoménologie du corps sexué qu’elles ont rendu possible.

Publications récentes et en cours :

« Husserl, phénoménologue de la maternité ? », dans ALTER. Revue de phénoménologie, dossier « Sexe et genre », coordonné par Claudia Serban et Natalie Depraz, à paraître en novembre 2022 ;

« Porter l’enfant », dans Ce qui me pèse et ce qui me porte. De l’esthétique de la « portance » au souci éthique, éd. par Christine Leroy et Chiara Palermo, Paris, Hermann, 2022, à paraître ;

« Generative Temporality », dans New Phenomenological Perspectives on Space and Time, éd. par Luz Ascarate et Quentin Gailhac, Washington DC, Lexington Books, à paraître en 2023 ;

« Transcendental Philosophy, Psychology, and Anthropology : Kant and Husserl on the “Inner Man” and the Human Being », in The Palgrave Handbook of German Idealism and Phenomenology, éd. Par Cynthia D. Coe, Palgrave Macmillan, 2021, p. 41-62.

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MOUZE Létitia

Résumé :

J’étudierai la lecture que fait S. Weil de l’Iliade dans son essai L’Iliade ou le poème de la force pour tâcher de montrer en quoi cette lecture tranche sur les lectures d’œuvres littéraires habituellement faites par des philosophes : S. Weil ne plaque pas sur le poème épique des concepts forgés a priori, elle ne fait pas non plus de ce poème l’illustration d’une réflexion qui se serait constituée en-dehors de lui, mais il est ce dans quoi et ce par quoi se constituent sa pensée. J’essaierai de montrer que la lecture qu’elle fait de ce texte est commandé par sa conception, et de la littérature,  et de la philosophie.

Bibliographie :

Létitia Mouze, agrégée de philosophie, MCF-HDR en philosophie à l'UT2J, critique littéraire, travaille sur la philosophie antique (essentiellement Platon), en philosophie politique, en esthétique, sur les rapports entre littérature et philosophie, sur Benjamin, et sur S. Weil. Elle commence un travail sur le splantes en philosophie (notamment antique). A publié des traductions de dialogues de Platon au LIvre de Poche (le Phèdre en 2007, le Sophiste en 2019), divers ouvrages sur Platon, et des articles variés. Parmi les ouvrages et articles récents :

- Chasse à l’homme et faux-semblants dans le Sophiste de Platon (Classiques Garnier, coll. "Kaïnon", 2020)

- « Lecture et mémoire dans le Phèdre : Platon contre « Barthes et al. » - to the happy few », Methodos n° 20, 2020

- « L’approche éthique de la littérature en nie-t-elle la spécificité ? », La littérature caribéenne sous l’angle du rapport esthétique/éthique, Dominique Deblaine dir., Études africaines et créoles n° 10, Presses Universitaires de Bordeaux, 2020, p. 11-28.

- « L’anthropologie de Simone Weil », article pour le Dictionnaire des anthropologies dirigé par Albert Piette et Mathilde Lequin, à paraître à l’automne 2022 (sous presse).

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 COROT Guilhem : Sciences, valeurs et diversité : l'épistémologie sociale d'Helen Longino

Titre :
Sciences, valeurs et diversité : l'épistémologie sociale d'Helen Longino

Résumé :
La place des valeurs sociales et politiques dans les sciences est devenue un sujet majeur de la philosophie des sciences. Le travail d’Helen Logino en est emblématique. Je présenterai une de ses études de cas à ce sujet en philosophie de la biologie, puis sa proposition de redéfinir l’objectivité scientifique à partir de critères communautaires. Je proposerai enfin quelques éléments sur les débats contemporains autour de ces critères.

Bibliographie :
Kitcher, P. (2010) (trad. par Stéphanie Ruphy). Science, vérité et démocratie. Presses universitaires de France.
Longino, H. E. (1990). Science as social knowledge: Values and Objectivity in Scientific Inquiry. Princeton university press.
Longino, H. E. (2002). The Fate of Knowledge. Princeton University Press.
Longino, H. E. (2013).  Studying Human Behavior: How Scientists Investigate Aggression and Sexuality. University of Chicago Press.
Intemann, K. (2011). Diversity and dissent in science: Does democracy always serve feminist aims? In Feminist epistemology and philosophy of science (pp. 111-132). Springer, Dordrecht.

Guilhem COROT est doctorant à l’EHESS. Ses recherches interrogent certains enjeux épistémologiques et politiques soulevés par la prise en compte des relations entre science et société, à partir du rôle de nos représentations et de la confiance épistémique pour les problèmes de l’induction, de la confirmation et du changement scientifique. D’un point de vue disciplinaire, elles s’inscrivent à l’intersection de la philosophie générale des sciences, de l’épistémologie sociale et de la philosophie politique des sciences. La perspective que j’adopte s’inscrit en continuité avec les élaborations de l’épistémologie féministe et de l’épistémologie du positionnement (standpoint).

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FREDERIC MARTY

Titre : Louise Dupin : relire la tradition intellectuelle en 1750 pour redonner leur place aux femmes 

Résumé : On redécouvre et on publie aujourd’hui les manuscrits inédits de Louise Dupin (1706-1799), brillante salonnière qui eut pour secrétaire Jean-Jacques Rousseau. Autrice féministe, elle défendait la stricte égalité des sexes en traquant la misogynie dans la tradition intellectuelle. Elle proposait aussi une ambitieuse réforme de la société afin de redonner leur place aux femmes.

Bio-bibliographie :

Docteur ès lettres, Frédéric Marty est professeur agrégé dans l’enseignement secondaire et chargé d’enseignement à CY Cergy Paris Université.

Publications :

Frédéric Marty, Louise Dupin, Défendre l'égalité des sexes en 1750, Paris, Classiques Garnier (collection « L’Europe des Lumières »), 2021.

Louise Dupin, Des femmes. Observations du préjugé commun sur la différence des sexes (édition de Frédéric Marty), Paris, Classiques Garnier, 2022.

Louise Dupin, Des femmes. Discours préliminaire (édition de Frédéric Marty) Paris, Payot & Rivages (collection « Petite Bibliothèque Payot »), 2022.

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PHILOSOPHES AUX FEMININS (proposition groupée)

Pour une autre histoire de la philosophie : des philosophes aux féminins

Présentation :

Lila Droussent, Doctorante en philosophie, ENS Lyon, Triangle.

Marion Pouliquen, Master 2 Ethires, Paris 1 Panthéon Sorbonne

Eva Espeluque, Master de philosophie, Paris 1 Panthéon Sorbonne

Naomi Benhaddou, Agrégative en philosophie, Sorbonne Université

Résumé :

Le projet « Philosophes aux féminins » est clair et ambitieux : remédier à l’oubli et à la spoliation des travaux des femmes en philosophie, et par-là ouvrir la possibilité d’une autre manière de philosopher, ce faisant d’une autre histoire, de notre histoire. Nous expliquerons les raisons de ce projet, sa mise en pratique (qui existe maintenant depuis trois ans), ainsi que les difficultés rencontrées et les réticences auxquelles nous avons été confrontées.

Bibliographie :

Anonyme, « L’invisibilisation des apports théoriques, des créations conceptuelles » : le vrai sexisme universitaire », Le Monde.fr, 11 octobre 2018

Sarah Arnaud et Cloé Gratton, « Les femmes en philo, qu’est-ce que ça mange en hiver ? », Revue Glad, 30 juin 2018

Sarah Kofman, « La question des femmes : une impasse pour les philosophes », Les cahiers du GRIF, vol. 46, n°1, 1992, p.65-74.

« Combien de philosophEs ? », Libération.fr, 16 octobre 2018

Anais Choulet-Vallet, Pauline Clochec, Delphine Frasch, Margot Giacinti, Léa Védie dir., Théoriser en féministe, Hermann, 2021

Organisation : 

Vanina Mozziconacci : vanina.mozziconacci AROBASE univ-montp3.fr

Aurélie Knüfer

Dernière mise à jour : 21/11/2022