Séminaire intersites d’Histoire de la philosophie moderne
2024-2025
Thème : La nature des lois
2ème séance
La deuxième séance du séminaire d'histoire de la philosophie moderne 2024-2025 co-organisé par François Ottmann (Université Toulouse Jean Jaurès) et Géraldine Lepan (CRISES) se tiendra le lundi le 25/11 à la Maison de la recherche à Toulouse (salle D155) de 16h30 à 18h.
Stéphane Pujol (UT2J) nous proposera une conférence intitulée "L'imaginaire politique des sociétés sans Etat aux XVIIe et XVIIIe siècle".
La séance sera accessible par zoom:
Sujet: Séminaire d'histoire de la philosophie moderne (Stéphane Pujol)
Heure: 25 nov. 2024 04:30 PM Paris
Participer Zoom Réunion : https://univ-tlse2.zoom.us/j/94798530917?pwd=sV2x0FGz6Av1G8pL4YfBZbyshKA...
1ère séance
La nature des lois
Si la dépendance de la philosophie moderne à la notion de loi est connue, on a moins remarqué que ce légalisme de la pensée occidentale se donne à lire dans le registre paradoxal d’une double métaphore. La notion philosophique de lois de la nature s’y déploie en effet essentiellement comme métaphore de la loi, puisqu’elle est pour l’essentiel l’expression, chez les auteurs qui participent à la révolution scientifique de la modernité, de la volonté d’un Dieu législateur. Les lois de la nature sont par exemple dans la physique occasionnaliste d’un Descartes autant de décrets divins dont l’évidente nécessité signe la divinité. Mais l’âge moderne se caractérise surtout par un retournement surprenant repérable de manière paradigmatique chez Montesquieu : la loi positive s’y lit comme métaphore de la loi naturelle, et cette nouvelle métaphorisation peut à bon droit apparaître comme une donnée fondamentale de l’idéologie politique occidentale, en gestation sous la plume des modernes.
Le séminaire 2024-2025 d’histoire de philosophie moderne se donne pour tâche d’étudier les implications épistémologico-politiques de ce renversement qui apparaît comme la matrice commune du savoir de la politique (la théorie politique moderne naissante) et de la politique du savoir (le registre moderne de légalité scientifique) à l’âge moderne. La contradiction apparente d’une métaphore se métaphorisant elle-même en retour ne doit pas être envisagée comme une aporie insurmontable même si on peut y déceler les indices d’une tension dans l’anthropologie de l’âge classique. S’interroger sur la nature des lois revient dans cette perspective à se demander ce que les lois, en tant que telles, font à la nature.
Dérouler patiemment l’écheveau de cette métaphorologie politique invite donc à examiner à nouveaux frais la politique de la machine qui sous-tend le discours philosophique de la modernité, et à s’intéresser à ses conséquences discursives, politiques ou cosmologiques, plutôt que de se contenter de critiquer la relativité problématique de son universalisme. Cela pourra notamment passer par l’étude de philosophes dont la pensée s’inscrit visiblement dans l’entrelacs de la double métaphore, chez Montesquieu, dans la caractérisation d’un esprit des lois, chez Spinoza, dans la reprise polémique et stratégique entre loi divine et loi positive, ou encore, chez Kant dans le philosophème de la loi morale comme unique fait de la raison, etc.
- Séance inaugurale du 7 novembre. Conférence de Mme Spector, Professeure à Sorbonne Université, UMR SND : Servitude et Empire. Montesquieu, des Lettres persanes à l'Esprit des lois. Salle 003, site Saint-Charles 1 de 15h00 à 17h30.
Pour suivre la séance à distance, se renseigner auprès des organisateurs.
Organisation : Géraldine Lepan (CRISES) & François Ottmann (Erraphis, UT2J)
Contacts : geraldine.lepan@univ-montp3.fr & francois.ottmann@univ-tlse2.fr
Dernière mise à jour : 20/11/2024