LIMIKOU BIKIELA Dieu-Donné

Docteur en Philosophie, spécialité Histoire des sciences et épistémologie (Université Charles de Gaulle Lille 3)

Docteur en Études psychanalytiques (Université Paul-Valéry Montpellier 3)

 

 

Thèse en Études psychanalytiques, soutenue le 20 octobre 2018 (sous la direction du professeur Jean-Bernard Paturet) :

Psychanalyse et Neurosciences des rêves: études sur la temporalité du rêve chez Sigmund Freud et Michel Jouvet.

Résumé  :
Nos certitudes les mieux établies, portant sur la période du rêve au cours du sommeil, ont été remises en causes par les découvertes récentes dans le monde des Neurosciences du rêve (E. Hennevin, 2003). En effet, la conception neuroscientifique, datant de 1959, qui fait de l’expérience onirique une exclusivité du sommeil paradoxal (M. Jouvet, 1992) est plus que jamais sujette à caution, au regard des nouvelles investigations menées en laboratoire en Europe et aux États-Unis. Ce courant critique qui émerge en Neurosciences, contre les travaux de Jouvet et ses partisans, reconnait la présence des rêves dans les phases du sommeil autres que celle du sommeil paradoxal, suscitant ainsi des apories sur la nécessité de distinguer les phases du sommeil. C’est dans cette optique que notre projet de recherche se propose de montrer que, du côté de la psychanalyse, l’idée récente en Neurosciences, d’une permanence du rêve au cours du sommeil, n’est pas nouvelle. Au début du XXème siècle, dans un ouvrage parvenu à la célébrité intitulé L’interprétation du rêve (Die Traumdeutung), Freud soutenait déjà que le rêve est le « gardien du sommeil » (S. Freud, 2004). Cela signifie que le rêve est la principale cause du maintien du sujet dans l’état de sommeil, c’est-à-dire que le désir de dormir est suscité par le rêve. Dans cette conception de la temporalité du rêve – selon laquelle le temps du rêve est équivalent à celui du sommeil – que défend la psychanalyse, l’hypothèse qui fait dépendre le rêve de la qualité du sommeil n’a aucune valeur. Nous rejoignons ici les débats contemporains sur la nécessité de distinguer les phases du sommeil, à partir de l’absence ou de la présence des rêves, comme si la claire voyance et l’intelligence visionnaire de Freud pouvaient faire de lui un précurseur des Neurosciences du rêve. Notre projet de recherche consistera donc à interroger la psychanalyse, à partir des découvertes faites dans le champ des Neurosciences du rêve.

 

Thèse en philosophie soutenue le 13 octobre 2014 à l’Université de Lille 3 (sous la direction du professeur François De Gandt) :

Philosophie de la psychologie et psychanalyse chez Freud : enjeux épistémologiques contemporains.

Résumé :
Quels sont les principaux acquis de la psychologie médicale de l’époque de Freud qui ont contribué à l’émergence du mouvement psychanalytique ? Comment Freud les a-t-il repris dans le cadre d’une construction originale ? Malgré l’abondante littérature consacrée à ces questions qui paraissent si simples, les réponses sont loin de faire l’unanimité. Cette difficulté n’est pas récente, elle est perceptible déjà chez Freud qui, en 1914 (dans Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique) et en 1925 (dans Ma vie et la psychanalyse), entreprit de retracer l’histoire de la psychanalyse, tout en évoquant les principaux acteurs qui ont, de manière directe ou indirecte, contribué à l’éclosion de ce corps de connaissances. Cependant, les découvertes faites par des chercheurs contemporains, dans les Archives des centres hospitaliers, où étaient internés certains patients de Freud, tout autant qu’une lecture attentive du contexte historique et des productions intellectuelles sur la maladie mentale, à la fin du XIXème siècle, laissent planer des interrogations. Freud a-t-il biaisé l’histoire de la psychanalyse pour en apparaitre comme le père fondateur ? Ces soupçons qui pèsent sur le travail d’historien entrepris d’abord par Freud, puis par ses collaborateurs, nous invite, en tant qu’historien des sciences, à réévaluer un certain nombre d’acquis en psychanalyse, au regard de l’abondance des découvertes récentes. En outre, les travaux de Freud n’entretiennent pas seulement des rapports avec les théories psychologiques de son temps. De nos jours, ils alimentent encore des discussions dans les « théories contemporaines de l’esprit », notamment dans les champs disciplinaires tels que la philosophie de l’esprit et les neurosciences cognitives. C’est ce que démontre la dernière partie de cette thèse qui, à titre de test, confronte la théorie freudienne de l’inconscient aux théories contemporaines.

 

Publications :

Ouvrage :

- L'Auto-analyse avant Freud ? Le cas Alfred Maury. Paris, Edilivre, 2018, 136 p.

Présentation de l'éditeur :
L’idée selon laquelle Freud est à l’origine de l’auto-analyse et de l’interprétation psychanalytique des rêves est largement répandue. Cependant, il est intéressant de se pencher sur les manuscrits d’Alfred Maury Les Souvenirs d’un homme de lettres rédigés des années auparavant pour voir une corrélation évidente entre les travaux des deux hommes. Il faut toutefois noter que le médecin viennois n’a jamais eu connaissance des Manuscrits de Maury témoignant ainsi de « l’insuffisance de ses lectures ». La première similitude concerne l’usage de drogues, la cocaïne pour Freud, le hachisch pour Maury, et l’observation des conséquences qui en découlent. Même s’il n’existe aucune preuve officielle de sa consommation de hachisch, on sait qu’il s’est fortement intéressé aux propos du psychiatre Jacques-Joseph Moreau de Tours qui en vantait les mérites. Ce texte fait le rapprochement entre l’état de relâchement de l’esprit critique après ingérence de cannabis et l’injonction du psychanalyste envers son patient de se laisser aller pour l’aider à faire ressurgir des « représentations non voulues ». Si l’importance du rôle de l’association des Annales médico-psychologiques et celle de la société psychologique du mercredi, dans l’investigation des rêves, constituent le deuxième rapprochement dans cet essai, c’est surtout dans la troisième similitude, celle de la mort du père, que l’auteur, avec originalité, montre l’impact de cette perte, dans le processus de l’auto-analyse chez Maury et Freud.

 

Chapitre dans un ouvrage collectif :

– « Dire ou vouloir dire les rêves? Réflexion sur la narration du rêve chez Sigmund Freud », in Entre l’orature et l’écriture. Relations croisées, Cahier de Logique et d’épistémologie,  volume 20, édité par Charles Zacharie Bowao et Shahid Rahman, préface de Christian Berner et Marcel Nguimbi, College Publications, Printed by Lightning Source, Milton Keynes, 2014, pp. 193-222.

 

Présentation de l’éditeur :
Voilà deux ans que le Réseau LACTO («Langage, argumentation et cognition dans les traditions orales») a été mis en place à l’initiative conjointe des Universités CDG-Lille 3 et MNG-Brazzaville. Des rencontres à caractère scientifique et organisationnel se sont tenues alternativement au Congo (du 19 au 21 janvier 2013) et en France (du 7 au 9 novembre 2013), avec l’implication d’autres universityés, en vue de circonscrire la complexité épistémologique du rapport entre l’oralité et la scripturalité, ou plutôt entre l’orature et l’écriture. Le présent ouvrage est, pour l’essentiel, le résultat des discussions issues de ces rencontres, en guise de tentative de réponse à la question principalement soulevée.
Ainsi, contre l’exclusion de l’une ou l’autre instance dans la définition des deux paradigmes du discours philosophique ou scientifique – le paradigme oral et le paradigme écrit – les contributions des uns et des autres s’accordent sur la vision que l’une ne saurait aller sans l’autre. Autrement dit, aucun paradigme ne saurait être pensé en totale exclusion de l’autre, si tant est qu’ils obligent le discours à s’implémenter dans l’espace et à travers le temps. Les catégories de l’espace et du temps constituent de ce fait tout à la fois une trame empirique et un cadre sémantique de déploiement du discours aussi bien oral qu’écrit, dans une optique qui se veut clairement et fondamentalement dialogique.
Il est par ailleurs une certaine lecture de la présente réflexion qui laisse entrevoir une triple articulation d’essence logique et herméneutique. Car c’est bien d’une quête de la connaissance et du sens qu’il s’agit : d’abord concernant les rapports épistémologiques de l’orature à l’écriture et de l’écriture à l’orature dans leur histoire, en ouvrant sur la dimension dialogique (Charles Zacharie Bowao, Marcel Nguimbi) ; ensuite relativement à la mise en situation de l’oralité, qu’il s’agisse du philosopher en langue orale africaine (Mahamadé Savadogo), de la parole proverbiale prise, dans sa dimension logique, mais aussi sociale et politique, tant dans son être que dans son expression sentencielle en contexte d’oralité et de néo-oralité (Mamadou Kabirou Gano, Gildas Nzokou), ou encore relativement à la temporalité propre à la prise de décision et à l’action aujourd’hui (Oumar Dia) ; enfin, relativement à la forme et au contenu du dialogue dans des perspectives herméneutique (Christian Berner), logique (Bernadette Dango Adjoua, Shahid Rahman) et psychanalytique (Dieu-donné Limikou).

 

Article dans une revue indexée :

« Sur la contemporanéité des idées d’Alfred Maury en neurosciences du rêve » , in Psychiatrie, Sciences humaines, Neurosciences (PSN), volume 15/1, Éditions Matériologiques, Paris, 1er trimestre 2017, pp. 65-87.

 

« Trois paradoxes dans l’interprétation du rêve de Freud » , in Psychiatrie, Sciences humaines, Neurosciences (PSN), volume 13/4, Éditions Matériologiques, Paris, décembre 2015, pp. 7-27.

 

Organisation d’événements scientifiques :

– Co-organisateur de la cinquième édition des Journées Transphilosophiques, colloque organisé à l’École doctorale de l’Université Charles de Gaulle Lille 3, 22-23 mai 2014.

 

Communications :

– « Psychanalyse et neurosciences. Doit-on faire de l’étude du rêve une exclusivité de la science? Le rejet du modèle freudien par Michel Jouvet », Colóquio : Literatura e Ciência, Diálogos Multidisciplinares, 27 juin 2016.

– « La formation des images oniriques chez Sigmund Freud : condensation et déplacement », colloque Journées Transphilosophiques, Université Charles de Gaulle Lille 3, 23 mai 2014.

– « Philosophie de la psychologie et psychanalyse chez Freud : enjeux épistémologiques contemporains », Séminaire transfrontalier des doctorants franco-belges, Université de Namur, 2012.

 

 

Dernière mise à jour : 10/11/2023