Soutenance de thèse

Le Samedi, 30. novembre 2019 -
9:00 - 13:00
Site Saint-Charles

Madame Cécile DECAIX

Soutiendra samedi 30 novembre 2019 à 9 h

Salle 005 à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 1

une thèse de DOCTORAT

Discipline : Études du monde anglophone

Titre de la thèse : L'Eneydos de William Caxton (1490) : sur les traces d'un traducteur de Virgile dans la première modernité anglaise

Composition du jury :

  • Mme Florence BOURGNE, Professeure, Sorbonne Université
  • M. Léo CARRUTHERS, Professeur, Sorbonne Université
  • Mme Alison FINDLAY, Professeure, Université du Lancaster (Angleterre)
  • Mme Agnès LAFONT, Maîtresse de conférences, Université Paul-Valéry Montpellier 3
  • M. Jean-Christophe MAYER, Directeur de recherche CNRS, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directeur de thèse

Résumé de la thèse

"L’Eneydos de William Caxton (1490) : sur les traces d'un traducteur de Virgile dans la première modernité anglaise" est une édition critique semi-diplomatique et partielle de la première traduction de l’ "Énéide" de Virgile imprimée en Angleterre. "Eneydos" n’est toutefois pas une traduction verbatim de l’épopée latine, puisque Caxton traduit d’un intermédiaire français intitulé le "Livre des Énéydes", imprimé à Lyon en 1483 et rédigé d’une main anonyme.

Le "Livre des Énéydes" et "Eneydos" incluent deux paraphrases issues de deux traditions différentes de la vie de Didon : tout d’abord, le compilateur français insère dans la trame virgilienne une glose de la vie de Didon inspirée du "De casibus virorum illustrium" de Boccace. Cette version de la vie de la reine de Carthage, selon laquelle Didon ne rencontre jamais Énée et se tue pour rester fidèle à son vœu de chasteté, est suivie d’une deuxième glose, cette fois inspirée de l' "Énéide" de Virgile, et selon laquelle Didon cède au charme du héros troyen et se tue de folie et de désespoir lorsqu’il quitte Carthage. Ce sont ces deux sections du texte que nous avons retenues dans le cadre de notre édition, travail qui s’accompagne d'une collation entre Eneydos et son texte source. Cette collation a permis de mettre au jour les techniques de traduction adoptées par Caxton et de repérer les écarts entre les deux textes.

Cette thèse explore la manière dont le "Livre des Énéydes", "Eneydos" et leurs hypotextes (l’ "Ovide moralisé" (fin du XVème siècle), traduction en français des "Métamorphoses" d’Ovide, et sa traduction en anglais par Caxton, "The Booke of Ovyde" (1480), mais aussi le "Des Cas des nobles hommes et femmes" (XVème siècle), traduction en français par Laurent de Premierfait du "De Casibus de Boccace", ainsi que l’"Histoire ancienne jusqu’à César", une chronique française du XIIIème siècle), réinterprètent et refaçonnent les figures mythologiques, en les réintégrant parfois dans un contexte contemporain ou un univers médiéval. En effet, ces hypotextes ressurgissent dans le "Livre des Énéydes" et "Eneydos" par le biais de gloses et de digressions, voire même de références directes, témoignant ainsi d’un enchevêtrement de sources classiques et médiévales, et parfois grecques et latines.

Le travail de comparaison entre ces textes a également mis au jour les stratégies d’ajout,  d’adaptation et d’omission adoptées par le compilateur français et Caxton. Ce travail applique également de nouvelles théories de la transmission et de la traduction à un texte qui a trop longtemps été négligé par la critique.

Au travers des réécritures, Didon est investie de nouveaux attributs, de sorte qu’elle incarne des thèmes chers à Caxton : l’écriture, la transmission, et les questions de genre – comme "Eneydos" a paru dans un contexte littéraire marqué par la Querelle des Femmes, un débat sur le statut des femmes dans la société. En outre, le texte s'interroge sur l'importance de l'écriture et sur la nature du livre imprimé. Notre travail offre aussi une réflexion sur la manière dont Caxton et ses lecteurs (par le biais de l’analyse de certains exemplaires qui contiennent des marginalia des XVIème et XVIIème siècles) percevaient le livre imprimé, véritable objet hybride qui empruntait au monde du manuscrit.

Dernière mise à jour : 21/11/2019