Post-doctorat n°3 (septembre 2021 - février 2022) - Manuela MOHR - Théâtre de marionnettes et voyage cosmique : reconfigurations de l’identité dans les pièces de science-fiction (XIXe-XXIe siècles)

Théâtre de marionnettes et voyage cosmique : reconfigurations de l’identité dans les pièces de science-fiction (XIXe-XXIe siècles)

Manuela Mohr

 

La science-fiction, qui se constitue comme genre à partir du XIXe siècle, est aujourd’hui perçue avant tout comme un phénomène littéraire et cinématographique. Elle se construit pourtant aussi de thématiques et de questionnements susceptibles de trouver leur place au théâtre, comme le montrent les travaux de Ralph Willingham (Science fiction and the theatre, 1994) et, plus récemment, de Romain Bionda (« Le théâtre de science-fiction », ReS Futurae, 2021). Néanmoins ces travaux se concentrent sur le théâtre d’acteurs alors que l’imaginaire de la science-fiction fait aussi son apparition dans le théâtre de marionnettes dans le courant du XIXe siècle, même si c’est au départ surtout pour renouveler le répertoire et pour répondre à certaines attentes de la part du public.

Cet imaginaire se déploie principalement autour du motif du voyage cosmique - l’un des éléments les plus représentatifs du genre - et trouve au départ ses modèles dans les récits de voyages extraordinaires de Gulliver, du baron de Münchhausen ou de Cyrano de Bergerac. En débouchant le plus souvent sur la rencontre avec l’altérité,le voyage cosmique met en jeu l’identité du voyageur et questionne son unité et son unicité. Or, la marionnette, par sa facilité à confronter l’homme au non-humain, à l’étrangeté ou à l’Autre, « nous aide depuis longtemps à penser ce qu’il y a en nous d’ “autre’’ que l’humain1 », comme le rappellent Hélène Beauchamp et Flore Garcin-Marrou.

En considérant la science-fiction comme un genre dans lequel les questionnements sur l’altérité prennent un relief particulier, on montrera comment et avec quelles conséquences, dans le théâtre de marionnettes, l’expérience du voyage favorise la réflexion sur la découverte de l’autre en soi et comment des schémas connus ou des représentations établies sont revisités par de nouveaux imaginaires.

La démarche, de type comparatiste, s'appuiera sur un corpus de pièces pour marionnettes écrites en langues allemande, française et italienne du XIXe siècle jusqu'à nos jours.

1. Beauchamp, Hélène, et Garcin-Marrou, Flore, « Introduction », in Beauchamp, Hélène et al. (dirs.), Les Scènes philosophiques de la marionnette, Montpellier, L’Entretemps/Institut international de la Marionnette, coll. « La Main qui parle », 2016, p. 12.

 

Dernière mise à jour : 20/05/2022