Zénobia Halabiyé, campagne 2010

Zénobia Halabiyé, campagne 2010

Reportage TV sur les fouilles de Zénobia

 

 

 

⇒ Rapport sur les opérations menées en 2010 par la Mission franco-syrienne à Halabiya-Zénobia, par Sylvie Blétry, chef de mission (Université Paul-Valéry Montpellier III).

CAMPAGNE 2010 à ZÉNOBIA-HALABIYA :

La campagne de 2010 s’est déroulée en mai-juin, pendant 5 semaines sur le terrain. Elle associé une vingtaine de membres venus d’Europe : des étudiants venus de Nancy, Paris, Valencia, Montpellier et des enseignants et chercheurs de Poitiers, Aix en Provence, et Montpellier, sans oublier notre restaurateur qui réside en Corse !

 

 

Des avancées notoires ont été accomplies tant en ce qui concerne l’étude des nécropoles que dans nos secteurs de fouilles.

 

 

Les nécropoles : prospection de et relevés architecturaux

 

Carte générale des nécropoles

 

Secteur méridional de la nécropole nord

Nous avons pu localiser 225 tombes ; rappelons qu’à la suite des prospections de Jean Lauffray, seules 51 tombes avaient pu être répertoriées. Nous dénombrons désormais 31 tombeaux-tours, 66 hypogées simples, 20 hypogées surmontés d’une construction maçonnée destinée à signaler leur emplacement, et 15 tombes troglodytes, tous collectifs. Les autres appartiennent à un autre type ou restent à caractériser, ce qui ne pourra être fait qu’avec des fouilles complémentaires. Aujourd’hui nous ne dénombrons que 5 tombes individuelles. Parmi ces dernières, nous avons découvert trois tombes particulièrement originales, dont les parois sont construites en briques.

 

 

 

Tombes en brique avant et après la fouille

  

   

 

Occupation antique et contemporaine de la tombe 256

 

Nous avons fouillé 7 tombes et disposons désormais grâce aux travaux de ces deux dernières années de 29 relevés architecturaux complets dont ceux de tous les tombeaux-tours préservés dans un état suffisant. Nous avons aussi fait des fiches descriptives précises pour 71 tombes. Les 7 tombes que nous avons fouillées cette année avaient hélas toutes été préalablement visitées par des pillards, mais dans l’une d’elles, la tombe 230 S, nous avons retrouvé 30 squelettes, jetés au centre de la chambre funéraire et ré-enfouis. Comme le tombeau-tour 13, fouillé par nos prédécesseurs, elle pouvait être fermée de l’intérieur et il est ainsi fort probable que certaines tombes aient pu servir de refuge lors des attaques auxquelles fut soumise la ville.

 

 

La très riche typologie des tombes de Halabiya va désormais nous permettre de les comparer avec d’autres nécroples de la région de l’Euphrate. La question des datations est très controversée ; les tombeaux-tours, par exemple, sont datées par nos prédecesseurs dans une fourchette chronologique oscillant entre le Ier s. av. J.-C. et le IVè s. de notre ére… Quant aux hypogées, on en connaît d’autres exemples remontant au IIIè s. av. J.-C. jusqu’au VIè s. de notre ère.

 

 

 

 

Tombe 268 avant et après la fouille

 

 

 

Croix peinte de la paroi ouest

 

 

Secteur 3 – Fouille d’un habitat domestique tardif.



La fouille de ce secteur, entamée en 2007 est désormais terminée. Il s’agit d’un îlot d’habitation subdivisé en petites unités de deux pièces, mais comportant des espaces de vie commune, notamment pour la cuisson des aliments et pour une petite métallurgie domestique. Les murs sont construits en petits blocs de basalte ou de gypse de tout venant, et avec de nombreux bloc de remplois, parfois de grande dimension. Dans certaines pièces, nous avons pu établir que la toiture était soutenue par des poteaux. Cet ilôt était probablement destiné à une structure familiale au sens large du terme où différentes unités plus réduites disposaient de leur espace propre.

 

   

 

Plan et relevé du secteur 3

 

 

Vue générale du secteur 3

 

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annour de la pièce 19

 

Occupation du « forum », secteur 6



Nous travaillons dans ce secteur depuis 2007, et avons pu mettre en évidence le fait qu’à une époque sans doute postérieure à Justinien, le forum a été, en contrebas de l’église nord-ouest, occupé par des structures publiques ou artisanales, peut-être destiné à l’alimentation des troupes, au cours de trois phases successives. La plus ancienne se raccorde à l’église ; une fenêtre d’un portique qui borde celle-ci au nord donne sur une cour dallée de briques carrées de 40 cm de côté. On y accède par un escalier.

 

 

 

 

Cour dallée de la première phase

Comme dans nos autres secteurs, les murs sont élevés en brique, bien visibles ici, reposant sur un solin de blocs de basalte ou de gypse.

 

 

Au cours de la seconde phase d’occupation, une des pièces renfermait une grande quantité de jarres, de cruches et d’amphores, que nous avons trouvées en grande partie entières.

 

 

Ces céramiques sont associées à de nombreuse pointe de flèches et de lances.

 

 

Dans une pièce adjacente, gisait le squelette d’un dromadaire.

 

 

Deux tannurs et deux foyers ont également été retrouvés.

 

 

Secteur 7. Bâtiment public près de la porte nord

 

 

Ce bâtiment mis à jour par hasard en notre absence en 2008 est longé par la voie principale qui traverse le site et par une petite rue qui court le long du rempart nord. On retrouve le stylobate et des fragments de colonnes et de chapiteaux effondrés dans le portique. Depuis celui-ci s’ouvrent deux pièces et une cour dallée. De l’une de ces pièces (la pièce 2), nous ne connaissons pas la limite orientale, qui disparaît sous une route moderne. Mais dans les limites de la fouille nous avons retrouvé aux dernières minutes de la campagne une jarre contenant elle-même une cruche en bronze et les éléments d’une balance en fer.

 

 

Ceci semble confirmer l’hypothèse déjà formulée l’année dernière selon laquelle nous aurions là affaire à une bâtiment de corps de garde ou un octroi. La pièce 1 est munie de banquettes, et près de celles-ci une fosse contenait de nombreux verres à boire.

 

 

Éléments de balance

 

Le bâtiment est bordé au sud par un égout. À une époque ultérieure un habitat domestique recouvre l’égout et s’installe au sud de notre bâtiment qui continue de fonctionner, en spoliant le portique. Un grand tannour est installé sur les dalles de couverture de l’égout.

 

 

Consolidations



Celles-ci ont d’abord porté sur le mur de l’église qui sépare la nef ouest de la sacristie sud qui a été consolidé jusqu’aux arases. Les piédroits de la porte ont été reconstruits.

 

 

 

Façade ouest avant et après consolidation

Notre secteur 7 a lui aussi été consolidé et laissé désormais à la vue des touristes. L’équipe de restauration a été la seule à bénéficier d’un peu d’ombre pour permettre le séchage de matériaux !

 

 

 

Conclusion :

quelques moments de bonheur

Dans un chantier comme celui-ci, quand se lève le vent de sable, que les hypogées sont profonds, étroits et pleins de serpents et de scorpions…

 

 

… que la fatigue se fait sentir

 

 

…que les amphores sont lourdes

 

 

…et qu’il faut aller à la pêche de la verticalité

 

 

…que les copains vous font des blagues idiotes

 

 

… il faut savoir donner de sa personne !

 

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Dernière mise à jour : 31/01/2024