SEMINAIRE PENSER LE MOUVEMENT SOCIAL AVEC LES SHS

Le Jeudi, 2. mai 2019 - 0:00
Site Saint-Charles

Présentation du séminaire

Ce séminaire propose d’échanger des regards sur le mouvement social en cours, et de le faire à partir de nos disciplines et spécialités. Il nous semble en effet que le mouvement dit des « gilets jaunes », vague de contestation populaire débutée à l’automne 2018 qui se prolonge en ce printemps 2019, interpelle les chercheurs et les chercheuses en SHS. En se gardant d’adopter une position surplombante qui aurait prétention à révéler le sens ultime des événements et en conservant à l’esprit les limites des méthodes et des concepts propres à nos disciplines respectives, nous souhaiterions voir comment ils peuvent nous aider à appréhender le mouvement en cours.

Inversement, il nous paraît important d’examiner la manière dont les événements le plus récents nous invitent à redéfinir voire à critiquer les concepts dont nous faisons sans cesse usage sans les interroger. Il apparaît en effet que ce mouvement de contestation, en même temps qu’il remet en cause les mécanismes institutionnels de la démocratie représentative et souligne les promesses inassouvies de la République, invite à questionner des catégories qui s’offrent aux chercheurs et chercheuses comme des impensés : démocratie, république, Etat, nation, collectivité, représentation, etc.  

Dans le même temps, nous aimerions interroger le rapport des chercheurs et des chercheuses au mouvement social d’un côté et à l’appareil d’État de l’autre. Comment penser la relation distanciée ou conflictuelle qu’entretiennent bon nombre d’entre elleux avec les organisations de salarié·e·s ? La mobilisation de l’État pour réprimer le mouvement, n’a-t-elle pas donné lieu à la mise à nue des peurs et d’un mépris de classe communément répandus dans le monde universitaire ? 

Tout se passe comme si le mouvement des gilets jaunes et sa répression avaient renforcé la polarisation des relations que les chercheur·se·s entretiennent avec le pouvoir, entre « intellectuels critiques » et « chiens de garde ». Celles et ceux qui bénéficient de la plus forte insertion dans les cercles médiatiques ont été rapidement sollicité·e·s pour proposer des analyses de la situation sociale. On a toutefois pu être frappé·e·s par les formes qu’ont prises les contributions des membres les plus en vue du commentariat, de la surenchère de métaphores visant à circonscrire le sens des évènements aux anathèmes disqualifiant l’action des contestataires. Sans interroger la position depuis laquelle i.elles parlaient, c’est-à-dire le plus souvent à distance du mouvement social, sans faire preuve de cette retenue et de cette prudence qu’exige l’entreprise difficile consistant à « diagnostiquer le temps présent », ces intellectuel·le·s ont livré en quelques semaines leurs conclusions définitives sur le sens du mouvement. Celles-ci visaient le plus souvent, en réalité, à délégitimer à la fois le contenu des revendications et la forme de la contestation elle-même.  À l’inverse, d’autres universitaires se sont rassemblé·e·s en de larges coalitions apportant leur soutien aux revendications de justice sociale du mouvement, condamnant la brutalité de la répression étatique ou dénonçant les restrictions des libertés individuelles. De ce point de vue, le mouvement des « gilets jaunes » a pu constituer un révélateur des positions occupées par les chercheurs et chercheuses dans le champ politique et intellectuel. 

Coordinateurs :

Aurélie Knüfer, Marc Lenormand et Frédéric Rousseau

Calendrier  :

Jeudi 2 mai 
( 16h - 18h)  salle 214 St Charles 1

Dernière mise à jour : 02/05/2019